Energie photovoltaïque : la filière n'est pas morte.

Le tapage médiatique autour du moratoire sur l'énergie photovoltaïque nuit en premier lieu à cette même filière. Les particuliers qui souhaitent installer des panneaux photovoltaïques ne sont pas concernés par ce moratoire qui pénalise uniquement les installations de puissance supérieure à 3kWc, à savoir celles mises en place par les industriels et les agriculteurs. A ce jour, la filière photovoltaïque a équipé plus de 100 000 particuliers en installations photovoltaïques, soit 43% de la puissance photovoltaïque du pays. Les Français considèrent à leur grande majorité que le solaire est l'énergie renouvelable la plus propre.

La filière qui s'insurge contre cet arrêt brutal du rachat de l'électricité produite par la technologie photovoltaïque a vu tout dernièrement son recours rejeté par le Conseil d'Etat, au motif que la faible durée du moratoire, qui court pour seulement trois mois (jusqu'en mars), ne peut avoir d'impact économique déterminant sur le secteur. L'urgence consistait à ralentir la longue liste des projets photovoltaïques, le gouvernement se trouvant étranglé par l'ampleur des demandes de raccordement au réseau EDF déposées avant le 31 décembre 2010. L'engouement autour du solaire photovoltaïque est alimenté à la fois par le tarif de rachat du kWh et par le crédit d'impôt qui était au taux de 50% jusqu'au 31 décembre dernier (25% en 2011). En instaurant un moratoire de 3 mois, l'Etat veut se donner le temps de la réflexion pour réorganiser une filière dont l'essor n'a pas véritablement profité à l'industrie française.

Une réunion de concertation entre les acteurs du secteur photovoltaïque et les ministères concernés a eu lieu le 12 janvier dernier, suivie par une deuxième réunion le 17 janvier qui vient confirmer les craintes des professionnels. Si ces derniers sont d'accord pour une régulation de l'activité, ils s'inquiètent du plafond avancé par le gouvernement, à savoir 500 MW par an répartis en 150 MW pour les particuliers, 150 MW pour les grandes toitures et 200 MW pour les centrales au sol. Le seuil de 500 MW est jugé beaucoup trop faible au regard de la capacité de production actuelle qui peut atteindre 800 MW. Les professionnels exigent que cet objectif soit revu à la hausse pour faciliter l'avenir d'une industrie française et encourager les investissements dans des outils de production locaux. L'Etat voudrait par ailleurs mettre en place un système d'appels d'offre permettant de contrôler le volume et la qualité des projets.

En ce qui concerne les installations dévolues aux particuliers, l'Etat comme les professionnels se rejoignent sur l'utilité de rehausser la puissance qui pourrait alors monter jusqu'à 16kWc avec des critères stricts d'intégration au bâti. Il est également envisagé d'appliquer un tarif de rachat dégressif entre 3 kW et 16 kW.

La dernière réunion de concertation du 24 janvier avait pour objet les enjeux industriels et environnementaux. Aujourd'hui le secteur photovoltaïque emploie environ 17 000 personnes dont un peu moins de 1 000 pour la fabrication des cellules, le reste concentré sur la partie installation. L'objectif à moyen terme est de développer une activité en amont pour que la filière ne soit plus dépendante des fabricants étrangers (en grande majorité européens et non chinois comme voudrait le laisser croire le gouvernement).

Les professionnels attendent ardemment l'instauration d'un cadre stable et durable pour pérenniser leur stratégie de développement. Une nouvelle réunion se tiendra le 11 février prochain.

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